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CONSEILS AUX ÉTUDIANTS
Philippe le Tourneau
Professeur
émérite de la Faculté de Droit de Toulouse 1 Capitole
Lauréat de la Faculté de Droit de Paris, de l’Institut catholique
de Paris, de la Délégation générale à la Langue
française, de l’Académie de législation, et de l’Institut
(Académie des Sciences morales et politiques)
SOMMAIRE DES CONSEILS AUX ÉTUDIANTSI. - Généralités
|
Léopold Sédar SENGHOR (†) ancien Président du Sénégal, de l’Académie française |
A. - Observations liminaires.
Tout en vous conseillant de tenter de respecter les conseils et les règles figurant dans ce site, je tiens d’emblée à en relativiser la portée, non pas parce que le «purisme» serait une tare, mais parce que la perfection de la langue est une utopie, et qu’il n’est guère d’écrivains ne commettant pas de fautes ; je crains même que mes propres pages sur ce site en comportent quelques unes (je serai reconnaissant aux personnes qui les découvriraient de me les signaler). Aussi, le souci de la correction ne doit pas vous dissuader d’écrire et de converser, comme la volonté de se comporter le mieux possible ne doit pas empêcher d’agir. Au demeurant, ce qui importe, c’est l’effort persévérant vers la qualité plus que d’atteindre la perfection (de même qu’en morale ce qui est attendu de l’agent, selon ce qui est nommé la loi de gradualité, c’est la tension vers une amélioration plus que la réalisation extérieure immédiate d’un précepte). En outre, si vous avez un style, alors les petites fautes vous seront pardonnées. Ces limites posées, je ne peux que vous conseiller de tenter d’écrire et de parler le mieux possible, c’est-à-dire de penser le mieux possible (les deux aspects sont intimement liés) ; ce faisant, en vous heurtant à la difficulté, en tentant d’éviter les répétitions et les formules stéréotypées, il est probable qu’une musique propre, la vôtre, se dégagera...
Notre langue, héritière de la méthode grecque et de l’efficacité romaine, qui ont fait l’Europe, est une langue précise, particulièrement bien adaptée au Droit. Mieux, le français est la langue juridique par excellence; sa syntaxe possédant un ordre logique entérinant le mouvement de la raison pensante. Telle est la raison pour laquelle il fut pendant très longtemps la seule langue diplomatique. Le Traité de Radstadt (1714), officialisant l’usage antérieur, déclara que la langue diplomatique obligatoire était le français : « Désormais les intérêts des peuples et les volontés des rois reposeront sur une base plus fixe ; on ne semera plus la guerre dans des paroles de paix » (Rivarol, Discours sur l’universalité de la langue française, Desjonquères, 1998, p. 134. - Metternich disait que cela permettait d’éviter la confusion des langues et de la nécessité d’adjoindre des traducteurs aux diplomates et aux ministres ; il poussait tellement son goût du français, alors qu’il n'aimait pas la France, qu’il n’utilisait que cette langue dans ses relations épistolaires avec ses propres ambassadeurs, même auprès des pays de langue allemande : G. de Bertier de Sauvigny, Metternich et son temps, Hachette, 1959, p. 102-103 et p. 107. Metternich, né en 1773, mourut en 1859). Mais le Traité de Versailles, en 1919, connut pour la première fois une seconde version, en anglais ; cette pratique s’est progressivement répandue, non sans de fâcheuses conséquences ; ainsi la version anglaise de la résolution 242 de l’Organisation des Nations Unies (1967), relative à la guerre israélo-arabe, est à l’origine de drames. Selon la version française les israéliens se retireront « des territoires occupés » (non pas de, mais des territoires, donc de tous ces territoires) ; or, l’anglais ne connaît pas cette précision. La version anglaise parle de l’évacuation « from occupied territories », ce qui peut signifier aussi bien de ou des ; cette ambiguïté alimenta la controverse, suscita des guerres et l'état de tension qui règne encore entre Israël et les Palestiniens. De plus, l’absence de rigueur de l’anglais oblige à insérer un lexique dans les contrats internationaux rédigés dans cette langue, précisant le sens des mots et expressions, même juridiques, qui seront utilisés dans le corps du texte ; un lieu commun, en partie vrai, est de dire que l’anglais est une langue commode : Ici, à la vérité, il est une source de difficultés. De même, sa souplesse tant vantée n’est acquise qu’au prix d’une certaine imprécision. Ainsi, faut-il traduire World Trade Center par « Centre commercial du monde » ou par « Centre du commerce mondial », l’absence de préposition marquant le génitif empêchant de connaître la base du message ? Michael Edwards, premier Britannique à avoir été élu à l’Académie française comme au Collège de France, conteste une supériorité quelconque de quelque langue que ce soit, par conséquent de la clarté du français (mais insiste sur la richesse constituée par la diversité des langues, qui est certaine. - M. Edwards, Dialogues singuliers sur la langue française, PUF, 2016). Il réfute l’idée que la résolution 242 de l’ONU précitée soit imprécise. En revanche, il ne dit mot des qualités que reconnaissait Senghor au français, dans la citation ci-dessus, ni du fait, incontesté, qu’il fut pendant longtemps la langue diplomatique, sans doute parce qu’il paraissait particulièrement adapté au Droit par la précision de son vocabulaire (restreint). Il est tout de même frappant qu’il soit nécessaire dans les contrats importants rédigés en anglais de les faire précéder d’un lexique donnant la signification des termes juridiques utilisés, ce qui est absolument inutile dans les contrats rédigés en français.
Une bonne connaissance de la langue est un puissant facteur d’égalité entre les citoyens, et d’intégration des personnes d’origine modeste (a fortiori, issues de l’immigration). De plus, « la défense de notre langue n’est pas une marotte de vieux messieurs à parapluie ni de bonnes dames à chapeaux; il s’agit de la protection vitale de notre identité la plus élémentaire ainsi que de nos intérêts de base. Il s’agit de réister à une colonisation voulue et concertée pour des raisons platement économiques, comme toutes les colonisations sur la Terre » (C. Duneton, Le Figaro littéraire 23-24 févr. 2008, p. 8). En effet, avec l’anglais qui se répand partout, c’est une culture qu’il introduit et, la suivant comme son ombre, du commerce.
Puisque notre langue est précise, il est nécessaire d’en posséder les subtilités : Aussi, les juristes ont toujours eu la réputation (justifiée) d’employer un langage châtié. Robert Estienne rendait hommage en 1557 à la langue des juristes du Parlement de Paris, de la Chancellerie et de la Cour des comptes, « esquels lieux le langage s’escrit et se prononce en la plus grande pureté qu’en autres lieux » (Traité de la grammaire française). Il vous appartient de maintenir cette tradition. Ce sera pour vous une obligation professionnelle en tant que juriste professionnel (notamment d’entreprise), afin de rédiger des contrats dotés d’une grande sécurité (sans compter qu’une lettre de demande d’emploi émaillée de fautes ou d’imprécisions conduira probablement à ce qu’elle soit jetée au panier sans autre forme d’examen). Aussi, travaillez sans relâche à mieux connaître la langue française et à la dominer ; elle vous rendra vos efforts au centuple par des joies ineffables, toute votre vie. « La langue est un théâtre dont les mots sont les acteurs » (Ferdinand Brunetière). Le cas échéant, ayez le courage de prendre des leçons de français, de grammaire, de vocabulaire, d’expression écrite et orale, etc. Peut-être existe-t-il des logiciels permettant d’effectuer des exercices interactifs avec son ordinateur.
Prenez l’habitude, même entre vous, d’essayer de parler un français correct, avec des mots précis. « Mal nommer les choses, c’est ajouter aux malheurs du monde»(Camus). Il est consternant d’entendre tant de jeunes désigner par un mot passe-partout (et pauvre, voire grossier) des réalités très diverses ; exemple : Il ou elle est super, à propos d’un film, d’une jeune fille, d’un livre, d’une voiture, d’un professeur, d’un mets, etc. - Le débraillé et la pauvreté du vocabulaire, comme le laisser-aller dans la grammaire, retentissent forcément sur la pensée. Toute maladie de la langue est une maladie de la pensée. « Il ne peut y avoir, d’un côté la forme, de l’autre le fond. Un mauvais style, c’est une pensée imparfaite » (Jules Renard). « C’est dans le langage que se trouvent les idées » (Alain). Les subtilités de la langue « contribuent à l’élasticité de l’esprit » (M. Druon, La France aux ordres d’un cadavre, Editions de Fallois, 2000, p.109). En parlant, évitez ces scories inutiles, qui marquent que l’orateur ne maîtrise pas sa pensée, du genre euh, tu sais, quoi, il faut savoir, disons (du reste, disons ne veut pas dire je dis, mais je ne suis pas sûr), je vais dire (dites directement ce que vous avez à dire !), c’est vrai (dont on abuse beaucoup aujourd’hui, qui se remplace élégamment par certes, suivi d’une virgule). Quant à la grossièreté, si banale, elle est une forme d’impuissance intellectuelle.
Méditez ces fortes réflexions de Jean-Louis Curtis : « La première liberté, c’est celle que confère la maîtrise de la parole, et [...] la pire des aliénations, pire même que la pauvreté, c’est de ne pas savoir parler et écrire d’une façon claire, correcte et précise, c’est d’être un sous-développé du langage, un paria de la communication verbale » (Le Monde comme il va, éd. du Rocher, 1995, p. 18). Et celles-ci, plus poétiques, d’Oscar Wilde : « Les mots n’ont pas seulement une musique aussi douce que celle de la viole et du luth, des couleurs aussi riches et chatoyantes que celles qui nous font admirer les toiles des Vénitiens et des Espagnols, et une forme plastique aussi sûre et aboutie que celle qui se révèle dans le marbre ou le bronze, mais la pensée, la passion et la spiritualité leur appartiennent aussi et n’appartiennent, d’ailleurs, qu’à eux seuls » (Aphorismes).
Sans doute la langue n’est pas figée : Elle a évolué et évoluera encore. Certes, tous les grands écrivains, de Chateaubriand à Malraux, en passant par Balzac ou Baudelaire, ont pris, consciemment ou non, des licences avec les règles les mieux établies. Mais, avant d’user de cette liberté créatrice, encore faut-il commencer par bien posséder sa langue, donc par l’apprendre et la respecter. Si vous avez le goût de l’écriture, voire du génie (c’est tout de même peu fréquent), vous aurez le temps, vos études achevées, vos diplômes en poche, d’en fournir la preuve. À ce moment, il s’opérera peut-être un retournement d’attitude des tiers à votre égard : Telle tournure, imputée à faute à un étudiant, sera regardée comme une originalité plaisante lorsqu’elle se trouvera sous la plume d’un professeur ou d’un écrivain reconnu (selon que vous serez puissant ou misérable ... ). Pourtant, il ne s’agit pas de parler ou d’écrire comme un livre : Une touche personnelle est toujours bienvenue.
B. - Conseils pratiques.
1°.
- N’écrivez pas de phrase sans verbe (pratique qui se répand
chez les journalistes et même parfois chez les universitaires, comme « témoignage
d'une époque révolue »). Évitez
les expresssions « histoire de »
(comme « histoire de s’amuser », alors
qu’il est plus simple et plus élégant de dire « pour
s’amuser » ; dans d’autres cas, utilisez
afin de) et « mais voilà »
(utilisée actuellement à tort et à travers) ;
de répéter un mot à des intervalles rapprochés
(sauf quand la répétition est inévitable, parce qu’il
s’agit du thème essentiel donnant lieu au développement, ou
d’une institution qu’il est nécessaire de nommer : Ainsi il est
préférable de répéter, fût-ce à quelques
lignes, la Cour de cassation que d’utiliser une périphrase
impropre, telle la Haute juridiction. L’accumulation des pronoms relatifs
(que, qui, dont, quoi) est inélégante, et rend la lecture
indigeste. Dans une lettre Flaubert critiquait le style de Lamartine
(à propos de son abondante œuvre non poétique), qui «
s’embrouille souvent dans des tournures lourdes de que, de qui,
etc. J’aime les phrases nettes et qui se tiennent droites, debout tout en
courant » (Correspondance, Pléiade,
t. III, 1980, p. 105). Je crois que, dans un souci de clarté, vous devriez
vous astreindre à ce qu’il n’y en ait jamais plus de trois par
phrase ; mieux, évitez qu’il y en ait deux très près
l’un de l’autre (exemple, plutôt que «La
cour d’appel, qui affirme que la cause est illicite »,
écrivez « affirmant que ... »).
Le pronom impersonnel on a son utilité, mais aujourd’hui il
est employé abusivement au détriment des pronoms personnels, dont
les journalistes des médias de masse semblent ignorer l’existence
; aussi, méfiez-vous du on : Ne l’utilisez que lorsque l’idée
ou le sentiment que vous exprimez est vraiment impersonnel («
On dit que Rodrigue va gagner les élections
»). Dans cette optique, voyez le sujet de concours proposé par l’Académie
de Berlin en 1783 sur l’universalité de la langue française
(remporté par Rivarol) ; il s’achevait par «
Est-il à présumer qu’elle la conserve ? »
(cette place éminente), et non par « Peut-on
présumer qu’elle la conserve ? ». Et, au
risque de sombrer dans la sottise des Précieuses ridicules de Molière
qui pourchassaient les sonorités « basses »,
il me semble que le qu’on est à proscrire absolument, tant
il est malsonnant ! D’une façon générale, préférez
les pronoms personnels ou, puisque l’usage est qu’un étudiant
n’emploie pas le je, ce qui est considéré comme présomptueux,
usez d’une tournure qui les évite (par exemple, plutôt que d’écrire
« dans la mesure où l’on admet l’existence
d’une responsabilité contractuelle»,
vous pouvez rédiger votre phrase ainsi : « Dans
la mesure où l’existence même de cette responsabilité
est admise »).
Pour la forme féminine, il y a lieu de distinguer d’une part les fonctions, titres et grades, d’autre part les métiers. Les premiers appartiennent au genre neutre (rendu en français par le masculin), car la nature de la fonction, du titre ou du grade est indépendant de la personne qui l’exerce ou les porte (exemples : le bachelier, le maître en Droit, le docteur, l’agrégé, le maire, le député, le ministre, y compris à propos de demoiselles ou de dames). En revanche, les métiers peuvent comporter une forme féminine, qu’il convient d’utiliser lorsqu’elle existe et que vous parlez d’une femme (exemples : l’institutrice, la boulangère, la postière, l’aviatrice, la factrice, l’éditrice, l’avocate, la chercheuse, l’actrice, la danseuse). Si ce n’est pas le cas, employez le masculin (qui, grammaticalement, englobe le féminin puisque le français ne connaît pas le véritable neutre), en disant par exemple le professeur, le médecin, même s’il s’agit d’une femme ; il est ridicule de parler de Madame la professeur (c’est une incorrection quant à la langue, l’article féminin « la » ne pouvant pas précéder un nom masculin ; vice versa, il peut se faire, bien que cela soit plus rare, qu’un mot féminin désigne une fonction, alors même qu’elle est exercée par un homme, comme la sentinelle, la vedette, la recrue, l’estafette ou la vigie [la personne qui veille sur un bateau]). Il n’y a rien là d’anti féministe ! Ces solutions découlent toute simplement du fait que la langue française ne connaît pas de véritable neutre de sorte que, grammaticalement, le masculin englobe le féminin ; d’où aussi un Toulousain et une Toulousaine sont ensemble des Toulousains, comme des électeurs et des électrices sont des électeurs, des travailleurs et des travailleuses des travailleurs, etc, si bien qu’il est inutile et sot de répéter le même substantif pour désigner un groupe de personnes composé d’hommes et de femmes. Du reste, en français la marque du féminin ne sert qu’accessoirement à rendre la distinction entre mâle et femelle. On dit une personne même s’il s’agit d’un homme, et cent personnes sans que cet ensemble soit composé de cent femmes ! Le "e" n’est pas un suffixe féminin, ajouter donc cette lettre à un mot ne le féminise pas. Combien de mots masculins se terminent par cette lettre ! Par exemple: homme, père, rire, fromage, mâle, village. Il y a une confusion, chez les partisans de la féminisation de tous les mots, entre la notion de sexe, qui est biologique, et la notion de genre, qui est grammaticale. L’Académie française, fidèle à la mission qui lui a été assignée par ses statuts de 1635, publia un texte définitif sur cette question en 1984, rédigé par deux savants de réputation mondiale, Georges Dumézil et Claude Lévi-Strauss. Ne tenant aucun compte de ce document, ni de l’avis négatif de la Commission générale de terminologie, ni d’une adresse dans le même sens de l’Académie française au Président de la République, la Documentation française rendit public au début de 2002 un catalogue des métiers, titres et fonctions systématiquement et arbitrairement « féminisés » (parfois de façon grotesque, contraire au bon sens, à l’euphonie et au « génie » de notre langue, comme professeure, docteure [doctoresse aurait été préférable], proviseure, instituteure [alors qu’il existe institutrice !], chercheure [alors qu’il existe chercheuse !], écrivaine, agente, cheffe [cheffesse est laid mais serait plus logique], auteure [autrice est laid mais serait plus logique, le féminin des noms masculins en -teur étant régulièrement en -trice : acteur-actrice, instituteur-institutrice, directeur-directrice]). Cette publication précitée de la Documentation française intervint sur instruction du Premier ministre de l’époque (Lionel Jospin, qui n’avait aucune compétence ni autorité en ce domaine ; au surplus, cet homme politique n’avait qu’une connaissance fort approximative du français, assez inquiétante étant donné les responsabilités qui étaient les siennes à cette époque, et qui ont pu contribuer à ses déboires électoraux, tant il commit de bourdes et de contresens lors des ses discours en tous lieux, y compris au Parlement, et même lors de ses déplacements à l’étranger). La presse et la télévision s’empressèrent de suivre ces indications qui, non seulement sont stupides et n’ont aucun fondement linguistique ou anthropologique, mais n’ont aucune valeur juridique. Il convient donc de ne tenir aucun compte de cette malencontreuse publication, comme l’a rappelé l’Académie française dans un communiqué du 22 mars 2002, relevant que « Le choix systématique et irréfléchi [sous-entendu par des ignares] de formes féminines établit au contraire, à l’intérieur même de la langue, une ségrégation qui va à l’encontre du but recherché». J’observe au demeurant que nul ne s’indigne que le mot féminin « personne », d’un usage si fréquent et si fondamental, puisse désigner aussi bien une femme qu’un homme ! Enfin, contre les mots auteure, chercheure, docteure, instituteure, professeure, proviseure, je relève que le "e" n’est pas une marque universelle de féminin, justement en particulier dans les mots en -eur : Il n’est que de citer ardeur, blancheur, couleur, fleur, tiédeur, soeur, tous féminins ; seuls les adjectifs distinguent le masculin en -eur et le féminin en -eure (majeur, majeure ; supérieur, supérieure, etc., souvent des comparatifs), jamais des substantifs (heure n’est pas le féminin d’heur!). «Accuser la langue française de sexisme c’est ajouter l’hypocrisie à l’ignorance » (A. Bentolila, Le Figaro 24 janv. 2017, p. 14). A. Bentolila (linguiste) rappelle que le français possède deux genres, l’un masculin, l’autre féminin; il s’agit bien de marques de genrre et non pas d’indicateurs de sexe; le genre est simplement une règle d’accord automatique; s’il faut évidemment combatre le sexisme et les discriminations dont les femmes peuvent être victimes, ce n’est pas une raison pour maltraiter la langue. L’Académie française dans sa séance du 28 février 2019 a adopté le rapport de sa commission sur la féminisation des noms de métiers et de fonctions (disponible sur son site). Sans dogmatisme, l’Académie suggère des évolutions. A propos des fonctions, elle observe : « il n’existe pas de normes spécifiques et générales applicables aux appellations féminines – il convient donc de déterminer avec souplesse et pragmatisme ce que permettent la grammaire et l’usage. Cette réalité impose de reconnaître qu’aucune pratique uniforme ne saurait imposer la généralisation de la féminisation ». Cependant, l’adoption par l’Académie du rapport précité est une défaite de l’esprit critique et du génie de notre langue, comme l’a exposé Mme Bérénice Levet, docteur en philosophie (Le Figaro, 7 mars 2019, p. 18).
2°.
- Les accents doivent toujours être indiqués (et ne confondez
pas l’accent aigu é et l’accent grave è), y compris sur les majuscules. À ce
propos, souvenez-vous que prennent un merveilleux accent circonflexe : Il plaît,
il paraît et leurs composés. De même, il faut un tel accent
à la troisième personne du singulier du plus-que-parfait du subjonctif
(J’aurais aimé qu’il eût réussi et qu’il
fût félicité) ; en revanche, cette personne au
passé simple et au passé antérieur de l’indicatif n’en
prend pas (quand il eut réussi, il fut félicité).
Autre subtilité du même genre : Il a dû (participe passé
masculin), c’est son dû (nom masculin), mais elle est due.
« L’accent circonflexe est l’hirondelle
de l’écriture » (Jules Renard).
3°.
- La ponctuation mérite également de retenir vos
soins. Elle est la respiration de la langue. Flaubert, selon Maupassant, disait qu’un auteur doit disposer « les
virgules avec science, comme les haltes d'un long chemin : car les
arrêts de sa pensée, correspondant aux membres de sa
phrase, doivent être en même temps les repos
nécessaires à la respiration ». Arrêter, exprimer, expliquer
; opposer, rapprocher, éloigner, associer : La ponctuation, servante docile
et commode, peut remplir toutes ces tâches. Le point-virgule
soupèse les nuances ; sa subtilité vient de «
ce qu’il représente une virgule renforcée - avec tout le mérite
clarifiant de celle-ci ; il marque un arrêt léger, non définitif
» (C. Duneton, Figaro littéraire, 18
sept. 2003). Il facilite l’exposition d’une
succession d’idées s’enchaînant les unes les autres, permet
de découper une vaste pensée « en
petites propositions concomitantes » (C. Duneton,
op. cit.). « On reconnaît tout de suite un homme de
jugement à l’usage qu’il fait du point et virgule »
(H. de Montherlant, Carnets 1930-1944). «
La différence entre le ; et le : manifeste au suprême degré
le sens de la nuance, et qu’est-ce que la nuance sinon la pensée dans
sa fleur ? » (J. Guitton, Ecrire comme on se
souvient, Fayard, 1974). N’oubliez pas le point d’interrogation
dans les phrases interrogatives. En outre, tâchez de formuler, même
oralement, vos interrogations sous la véritable forme interrogative ; exemple
: Sors-tu ? (non tu sors ? et de préférence à
l’inélégant est-ce que tu sors ?).
Après
deux points ( : ), si ce qui suit comprend un verbe, et constitue donc une phrase,
le premier mot doit être en majuscule (v. A. Grevisse, Le Bon usage,
9e éd., 1969, n° 170).
En France les guillemets sont «
» et non “ ”(en usage dans
les pays de langue anglaise) ; ces derniers sont toutefois utilisés lorsque
des guillemets figurent au sein d’une citation (j’espère que
le transfert de ce texte en écriture html pour internet ne fera
pas disparaître la différence entre les deux sortes de guillemets
!). N’utilisez jamais les deux points ( : ) plus d’une fois dans une
phrase. Il me semble aussi qu’il est préférable de ne pas mettre
plus de deux phrases interrogatives de suite. Voici maintenant quelques directives
relatives à l’emploi de la ponctuation avec l’ordinateur. Il
faut laisser une espace avant et après les deux points, le point et virgule,
les points d’exclamation et d’interrogation ; une espace entre «
et le début de la citation, et avant sa fin »
; en revanche, ne pas laisser d’espace avant la virgule, le point final ni
au début ou à la fin des parenthèses. L’espace est normalement
un nom masculin, sauf en matière d’imprimerie où il est féminin,
ce qui explique l’usage que je viens d’en faire. Pour l’apostrophe
il est préférable de mettre ’ ; et d’éviter l’inélégant
' (ici aussi, pourvu que l’écriture html maintienne les signes
que je viens d’écrire). Lorsqu’une phrase s’achève
par une citation entre guillemets, le point final doit logiquement se mettre après
les derniers guillemets, comme l’exigeait le général de Gaulle
(cf. Michel Droit, Les Feux du crépuscule, Plon, 1977, p. 216) ;
mais les correcteurs des éditeurs ont tendance à placer le point
final avant les derniers guillemets.
4°. - L’exactitude de la
prononciation est importante pour certains mots. Evitez l’espèce
de bouillie, prononcée dans la précipitation, de tant d’orateurs
à la radio et à la télévision. N’omettez pas
de prononcer les doubles lettres, par exemple des mots dommage, essentielle,
illicite, promesse, synallagmatique, etc. De même,
les liaisons doivent être effectuées. Par exemple faire entendre
le « s » de cinq cents employés ou des
contrats illicites, ou le « t » de cent (ainsi dans cent euros). Mais n'ajoutez pas de «
s » à cent euros ni à pseudo-intellecuels (faute
commise récemment par le ministre de l'Education nationale, qui
au demeurant désignait ainsi scandaleusement des
autorités intellectuelles éminentes, dont un membre de
l'Académie française!).
5°.
- Notre syntaxe soumet la concordance des temps à des règles
précises, certes difficiles. Si vous les dominez mal, employez une tournure
où elles n’aient pas à intervenir. « On
ne raisonne justement qu’avec une syntaxe rigoureuse
» (Anatole France, Le génie latin).
6°.
- Rappelez-vous que :
-
Admirablement est un superlatif d’excellence ; il se suffit à
lui-même, de sorte qu’il ne faut pas lui adjoindre l’adverbe «
bien » (de même pour parfaitement
ou merveilleusement).
- Au point de vue, du point de vue.
Ces expressions sont suivies, soit d’un complément de nom introduit
par la préposition de, soit d’un adjectif épithète
(exemple : Du point de vue formel) ; lui juxtaposer un substantif est incorrect
(exemple : Au point de vue examen).
- Avant que, afin que, bien
que, pour que, quoique sont impérativement suivis du subjonctif (car
il s’agit de faits dans l’avenir, donc incertains : Or le subjectif
est le temps de l’éventualité et de la subjectivité,
donc aussi de l’émotion). Avant qu’il ait obtenu son diplôme
(pure éventualité, hélas direz-vous). En revanche, après
que est suivi de l’indicatif ou du conditionnel (parce que la subordonnée
exprime un fait dont on est certain qu’il s’est produit) ; exemples
: Il sort après que nous avons pris le café. Il faut bonne
mémoire après qu’on a menti (Corneille). Après
que les étudiants eurent composé (et non eussent). Le professeur
a dit qu’il vous recevrait après que vous auriez déposé
votre sujet de mémoire (et non après que vous ayez).
- Citoyen
n’est pas un adjectif mais un nom ; l’expression démarche
citoyenne (et les autres de la même veine) est donc fautive. Une démarche
citoyenne est en réalité une démarche civique.
- Donc. N’abusez pas de cette conjonction ! De même, le pronom
personnel indéfini on est à utiliser le moins possible :
Il est inélégant et souvent imprécis.
- Le mot Droit
prend une majuscule lorsqu’il s’agit du Droit objectif, sinon
il s’écrit avec une minuscule (droit subjectif) : Voir le Vocabulaire
juridique dirigé par le doyen Cornu (PUF) au mot Droit.
- Environ.
S’il s’applique au temps, c’est un adverbe invariable (Nous
irons à la montagne environ la fin de juillet). S’il se
rapporte au lieu, il reçoit un « s » (Aux
environs de Toulouse).
- Es. Contraction de «
en les », ne peut précéder qu’un
pluriel : Licencié ès lettres (mais : En qualité
de tuteur).
- L’État s’écrit avec une majuscule
lorsqu’il désigne le pouvoir central d’une nation reconnue comme
sujet du Droit international ; mais avec une minuscule dans tous les autres cas,
notamment dans l’expression « l’état
de droit », qui signifie simplement le «
règne de la loi », c’est-à-dire
un ordre juridique. L’État doit veiller à sa bonne observance,
le garantir ; du reste, comme c’est sa fonction normale, il suffit de dire
et d’écrire l’État sans ajouter de droit. La majuscule
mise au mot état dans l’expression état de droit est donc plus
qu’une faute d’orthographe : C’est une faute de sens, un contresens.
Et la majuscule est ici aussi incongrue que dans « l’état
de la question », « l’état
des lieux », « l’état
d’âme », où nul ne songe à
la mettre.
- Évident. Qualifie en premier lieu ce qui s’impose
clairement à l’esprit, ce qui est certain ; de plus, évident
qualifie ce qui est immédiatement perceptible par la vue. Ce mot ne doit
pas s’employer pour désigner ce qui est de réalisation facile
; par exemple, ne pas dire «réussir à
passer en maîtrise c’est pas évident
», mais « ce n’est pas facile
».
- Fabricant ne s’écrit pas comme fabriquer.
- Fait. Le participe fait suivi d’un infinitif est toujours invariable,
parce qu’il fait corps avec l’infinitif (exemple : Ces manœuvres,
nous les avons fait supporter par nos partenaires).
- Fonds.
Ce mot a un « s », même au singulier, lorsqu’il
s’agit du fonds de commerce, d’un bien immobilier ou d’un capital,
ce qui n’est pas le cas dans les autres sens (le fond du sac, de la mer
... ).
- Jurisprudence signifie principalement l’ensemble des décisions de justice rendues pendant une certaine période (voyez le Vocabulaire juridique dirigé par le doyen Cornu) ; ce mot n’est pas synonyme d’arrêt ou de jugement.
- Lui, elle, eux, leurs. Ces pronoms employés comme
compléments ne peuvent représenter que des personnes. En parlant
des choses et des animaux (qui sont des choses animées), il convient d’utiliser
en et y. Ce chien n’aime pas les étudiants en droit,
il risque de vous mordre : Éloignez-vous en (et
non de lui). Et sur lui (elle) est remplacée par dessus (dessous, dedans).
Voici votre bicyclette, montez dessus (et non sur elle) ; voyez cette
table, cachez-vous dessous (et non sous elle), etc.
- M.
Telle est l’abréviation de Monsieur. Mr est celle de Mister.
- Malgré que ne s’emploie que dans le locution «
malgré qu’il en ait » (quelque
contrariété ou mauvais gré qu’il en éprouve)
; sinon il convient d’employer quoique ou bien que.
-
Parmi. Cette préposition est invariable : elle ne prend donc pas
de « s » final.
- Quelque s’écrit
en deux mots (quel que) quand il précède immédiatement
un verbe (dans ce cas toujours au subjonctif). Quel est alors adjectif
et s’accorde. Quelque s’écrit en un seul mot quand il
est devant tout autre mot qu’un verbe.
- Quelque part signifie
en un lieu indéterminé (que l’on ne veut ou ne peut pas préciser
; exemple : « Il est quelque part en France
». N’imitez pas les journalistes qui
emploient cette expression à tous propos, hors de son sens.
- Quoique s’écrit en un mot
quand ce dernier peut être remplacé par la conjonction de subordination bien
que ou par encore que. Exemple : « Je le trouve sympathique quoique (bien que)
ses opinions me déplaisent ». La
locution quoi que s’écrit
en deux mots lorsqu’il est possible de la remplacer par quelle que soit la chose que ou peu importe ce que.
Exemple : « Quoi que tu fasses
(quelle que soit la chose que tu fasses), cela
ne va pas ».
- Reddition
s’écrit avec deux lettres d. En Droit privé ce mot est employé
essentiellement à propos des mandataires, qui doivent rendre compte (C.
civ., art. 1993).
- Soi-disant (invariable et sans t à soi)
ne s’emploie qu’à l’égard de personnes vivantes (puisque
cette expression implique que quelqu’un se dise). En dehors des personnes
vivantes, c’est le mot prétendu (variable) qui convient ; exemple
: Le prétendu contrat.
- Tout est adverbe et invariable
lorsqu’il signifie « entièrement »,
« tout à fait ».
Exemple : Une veste tout usagée.
- Verbes transitifs.
Ces verbes peuvent avoir un complément d’objet (où l’action
faite par le sujet passe - transite - sur un complément) ; exemple : Je
regarde le ciel, j’étudie le cours. Les verbes intransitifs
ne peuvent pas prendre de complément d’objet : Ils offrent par eux-mêmes
un sens complet, comme courir, débuter, démarrer, dormir, flâner
(grande occupation des étudiants), marcher, mourir, nager, pleurer (souvent
le sort des pauvres professeurs corrigeant les copies en fin d’année
... ).
- Vingt et cent prennent un « s »
lorsqu’ils sont multipliés et à la fin de l’adjectif numéral
: Quatre-vingts livres, deux cents étudiants ; mais sans le «
s », cent vingt jours comme mille cent euros (car pas de
multiplication mais une addition), quatre vingt deux (car vingt n’est
pas à la fin).
7°.
- N’utilisez pas de marque pour désigner
un objet. Vous ne dites pas je prends ma Peugeot mais ma voiture
; alors pourquoi ne pas dire je me sers d’un crayon à bille, d’un
ruban adhésif, d’une chaussure de sport (de tennis...), etc.,
plutôt que de citer leurs marques, dont en outre les sonorités souvent
d’apparence anglaise dénotent dans une conversation en français
?
Choisissez le mot juste, en évitant les mots «
passe-partout », qui ont leur utilité,
mais que la paresse ou la négligence conduisent à employer trop
souvent. « Un mot “impropre”
n’est-il pas d’une certaine façon un mot sale ? C’est qu’il
y a une hygiène mentale et presque une sorte de probité morale dans
le “bon usage”
des mots » (M. Tournier, Le pied de la lettre,
Folio, 1996. - Vous pouvez remarquez ici l’emploi des guillemets anglais
au sein d’une citation, si le transfert en écriture html ne
les a pas modifiés !).
Voici un exemple de la recherche du mot précis,
à propos du verbe faire et la façon de le remplacer dans
ses divers sens :
Il a construit sa maison lui-même. Cette usine
fabrique des moteurs. Mon tailleur m’a confectionné
un complet sur mesure. Dieu créa le monde.
Il a engendré
trois enfants. Elle a accouché d’une fille. Ma chienne a mis bas deux
chiots.
La Constitution de la Vème République, élaborée
à l’instigation du Général de Gaulle, a établi
un nouveau régime. Elle a institué un Conseil constitutionnel.
Rimbaud a composé d’admirables poèmes. Proust
écrivit une œuvre géniale. Le Doyen Ripert a
rédigé un traité de Droit commercial.
Il faudrait
prendre de l’essence. Il serait prudent de s’approvisionner.
Il a amassé une fortune importante. Ce commerçant a obtenu
des résultats remarquables. Son père lui alloue une pension.
Il se procure de l’argent de poche par de petits travaux. Vendez-vous
de la papeterie ?
Il exécuta un bond prodigieux. Il sauta de
deux mètres. Il effectue des tâches diverses. Il opéra
un demi-tour. Il a expédié son devoir en une heure. Je suis
occupé ce matin par le Droit civil. J’étudie le
Droit. Je prépare la licence, et j’envisage de devenir
juriste d’entreprise, d’embrasser cette carrière. J’ai
accompli mon devoir. Il ne décide rien sans consulter son
père. S’il réussit, il ira en Grèce, avant d’entreprendre
le tour de la Méditerranée.
Il ne cesse de gémir
sur son sort. Sa négligence a entraîné son licenciement.
Il a dû parcourir une longue route avant d’arriver. Nommé
récemment à Toulouse, il a prospecté toute
la région. Cette paire de chaussures a duré cinq ans. Il
pèse cent Kg.
« Qu’en pensez-vous
? », dit-il. « Vous
avez tort » lui répondit Paul.
Ce
scandale a provoqué sa démission et a occasionné
un préjudice au parti. Ces diverses causes ont déterminé
la société Z à fermer son usine. Le choc lui a causé
un traumatisme crânien. Votre état suscite la pitié.
En quoi cela vous importe-t-il ? Ayant contracté la grippe,
j’ai eu 40.
À Toulouse, la Garonne dessine
une courbe. La ligne mesure plus de dix Km. La Citroën C 3 coûte
dans les douze mille euros. Le réservoir contient cinquante litres.
8°.
- Proscrivez les expressions ridicules :
Dans le cadre de, sur le plan de, au niveau de, se pencher sur (d’autant
que vous risquez de tomber), les coordonnées (pour l’adresse, le n°
de téléphone, etc.), le facteur temps (pour l’aspect
ou l’élément temporel), part entière (s’il y a
une part, il ne peut pas y avoir une intégralité), être en
capacité de (pour être capable de), le sens de l’histoire (l’histoire
n’a pas de sens) ; les fausses élégances : Il ne faut
pas se cacher que, vous n’êtes pas sans savoir, à tant faire
que (ou, pire, tant qu’à faire), au final (pour finalement), positionner ; ou l’abominable comme quoi
(pour : selon, en vertu de quoi). N’imitez pas les gens des médias
qui disent merci à vous pour je vous remercie.
Il est fâcheux d’assaisonner ses propos de formules telles que disons, on va dire, je veux dire, j’ai envie de dire, c’est vrai que, en fait, c’est parti, tu vois, en fait, etc., et a fortiori de celles qui associent plusieurs de ces expressions : « bon, disons que, en fait, euh, c’est vrai que...». Je n’invente hélas rien, entendant de tels propos à l’Université, à la radio et à la télévision.
Gardez-vous d’employer bon nombre de termes devenus monnaie courante à la radio et à la télévision, tels que : concerner (pour intéresser, regarder, toucher, affecter), complexifier (pour compliquer, obscurcir), contacter (pour entrer en rapport avec, se mettre en rapport, prendre langue, toucher, joindre, rencontrer, s’entretenir, et même prendre contact avec), émotionner (pour émouvoir), expliciter (pour expliquer, formuler), au final (pour finalement, à la fin), générer (pour produire, engendrer, créer, enfanter, provoquer, causer, occasionner, susciter, etc.), incontournable (pour inévitable ou indispendable), initier (pour lancer, décider, promouvoir, concevoir, créer, commencer, prendre l’initiative, etc. ; dire qu’il paraît que la langue française est pauvre !), occulter (pour masquer, cacher), opportunité (pour occasion, chance, possibilité ; opportunité signifie ce qui est opportun, comme dans l’expression l’opportunité des poursuites), piste (pour suggestion, solution, position envisageable, etc.), positionner (pour se placer, se situer, définir), le problème (pour la difficulté, la question), renseigner un document (pour le remplir , répondre à des questions), sécuriser (pour rassurer ), solutionner (pour résoudre), souligner (pour insister, faire remarquer, mettre en valeur, relever, attirer l’attention, mettre en avant), toilettage (d’une loi, pour réforme, modification, révision ; le toilettage est un mot qui ne s’emploie que pour les chiens et les chats), etc.
Dans la même veine, méfiez-vous comme du SIDA (ou presque...) des néologismes et anglicismes : acter (pour prendre acte de), addiction (pour dépendance), booster (pour stimuler, doper), conforter (pour affermir, raffermir, consolider, renforcer, soutenir, corroborer, étayer, confirmer, fortifier, assurer, rassurer, etc.), dangerosité (pour danger, dangereux), en charge de (pour chargé de), finaliser (pour achever), globalisation (pour mondialisation), impact (pour effet, influence, conséquence, retentissement, répercussion, résultat), impulser (pour lancer, promouvoir), inatteignable (pour inacessible), initialiser (pour commencer), nominé (pour mentionné, cité), overdose (pour surdose), paradigme (pour modèle), partition (pour partage, découpage, démembrement), recette (en dehors de la cuisine, pour réception, notamment d’un ensemble informatique), réaliser (dans le sens de comprendre, saisir, concevoir), réhabiliter (pour restaurer un immeuble ou un quartier), positionner ; et évitez le ridicule de formules grotesques, telle la plate-forme logistique pour désigner un entrepôt.
Évitez les pléonasmes (répétition) du genre : Ajouter en plus, s’avérer vrai, autorisation préalable, collaborer ensemble, comparer ensemble, descendre en bas, monter en haut, s’entraider mutuellement (puisque mutuellement signifie réciproquement), éblouir les yeux (puisque éblouir est frapper les yeux d’un éclat trop vif), exporter à l’étranger, un hasard imprévu, marcher à pied, se réunir à plusieurs, suivre derrière, unanimité totale, voire même, voler en l’air, etc.
N'employer pas l’affreux « que ce que ». Par exemple, écrivez : Il a mieux réussi que son travail ne le laissait présager (et non il a mieux réussi que ce que son travail laissait présager). De même, plutôt que d'écrire « de manière à ce que » ou « de façon à ce que », simplifiez en écrivant de manière que et de façon que.
Evitez de parsemer vos propos de en fait, voilà, quoi, comme mallheureusement l’habitude s’en est répandue sur les ondes.
Sachez que le passé surcomposé
par redoublement d’auxiliaires (j’ai eu rencontré
un étudiant travailleur [signifiant il m’est arrivé de rencontrer
...], j’ai eu vu, j’ai eu étudié, etc.),
souvent utilisé dans le sud-ouest et le Languedoc donne à rire (sans
doute à tort), et n’est donc pas compris dans le reste de la France
et de la francophonie. Mieux vaut donc ne pas l’utiliser hors des régions
indiquées, ni par écrit (car il est inconnu des grammaires, bien
qu’il soit apparu en ancien français dès le XIIe siècle).
9°.
- Écrivez, ou dites :
- L’internet : L’usage de ce
mot se calque exactement sur celui de téléphone, de radio, de télévision,
de logiciel, etc. ; d’où il ne doit pas être mis avec
une majuscule (ce n’est ni Dieu ni une marque) et, le cas échéant,
il doit être précédé de l’article.
- Il se
le rappelle (et non il s’en rappelle) ou il s’en souvient.
- Bien que, quoique - suivis du subjonctif - (et non malgré
que).
- Nous sommes convenus de (et non nous avons convenu de).
- Cela comporte des difficultés, cela n’est pas facile (ou
ne sera pas facile), et non cela n’est pas évident.
- Cela
m’est indifférent (et non cela m’indiffère).
- Clore un débat, une séance (mais clôturer un champ).
- Partir pour Paris, aller à Paris (mais non partir
à Paris). De plus, partir s’emploie avec un lieu
(partir pour la Provence, pour la montagne) ; aussi l’expression partir
pour une semaine, un mois, etc., n’est pas correcte : C’est s’absenter
qui convient.
- Se présenter à un examen,
à un concours (et non présenter un examen, etc.)
- Pallier un inconvénient (sans « à »).
- Fonder sur (et non baser).
- Elaborer une loi, l’élaboration
d’une loi (non fabriquer une loi, la fabrication d’une loi).
- Comme, par exemple, ainsi, mais (seuls, et non deux de ces mots
à la suite).
- Une dépression (et non une déprime
; déprimer est un verbe transitif, de sorte qu’il est fautif
de dire je déprime, tandis qu’est correct je suis déprimé,
ou le cours de tel professeur me déprime [horresco referens
!]).
- Une disparate (mot féminin) : Ses discours et ses actions
forment une étrange disparate (défaut d’harmonie).
- En
revanche (et non par contre, qui n’est admis que dans le commerce,
où cette locution est sans doute l’abréviation de par contre-envoi).
- Une solution de remplacement, de relève, de rechange, de substitution,
un succédané (et non une alternative ; dans ce sens, c’est
un anglicisme. L’alternative, en français, est une situation dans
laquelle il n’y a que deux partis possibles ; en Droit, il existe ainsi des
obligations alternatives. En anglais, alternative ne désigne que la seconde
possibilité d’un choix).
- Un dilemme (avec deux
« m »).
- L’arrêt d’une Cour, une décision
du Conseil constitutionnel, mais le jugement d’un tribunal.
-
La Cour de cassation casse ou rejette le pourvoi ; dans ce dernier
cas elle maintient une décision (et non confirme, puisqu’elle
n’est pas un troisième degré de juridiction). À propos
de cette juridiction, n’employez jamais l’expression de Cour suprême
qui, juridiquement, a un sens précis.
- Afin de, en vue de,
pour, dans l’intention de, avec le dessein de (et non dans le but
de ; cette expression est en effet illogique : Un but est visé, mais si
l’on est dedans, il est atteint).
- Une loi dispose, énonce,
décide, prescrit, impose, ordonne, prévoit (et non stipule
: Seuls les contractants stipulent).
- Se révéler inexact
(et non s’avérer inexact ; car avérer veut dire donner pour
vrai, confirmer).
- Donner son assentiment (et non son accord).
L’accord est un concert d’au moins deux volontés. L’accord
conclu n’est la propriété d’aucune des deux parties. Il
est donc impossible de donner son accord. En revanche, je puis donner mon approbation,
mon assentiment, de même que je peux me déclarer d’accord
avec d’autres personnes.
- Déposer une plainte (et
non déposer plainte) ; porter plainte (et non porter une
plainte). Porter plainte est un acte abstrait : C’est faire connaître
à la justice que j’ai à me plaindre de quelqu’un. Déposer
une plainte est un acte concret : Il s’agit du document matériel que
je dépose sur le bureau du Procureur.
- Aller chez le coiffeur,
le dentiste, etc. (et non au) ; mais aller au cinéma,
à la piscine, etc. (C’est que, dans le premier cas, il s’agit
d’aller chez une personne, alors que, dans le second, on se rend dans un
lieu public).
- Je vais rédiger ma déclaration de revenus
(et non d’impôts).
- La mère de Paul, le livre
de Jacques (et non à).
- Je l’ai lu dans
le journal (et non sur).
- À Toulouse ou de Toulouse
(je me rends à Toulouse, je viens de Toulouse, je connais tous les bistros
de Toulouse), et non sur Toulouse (qui laisserait entendre que je survole
la ville en aéroplane) ; dans le langage commercial, l’usage admet
l’expression « sur la place de Toulouse
»).
- Etre à son aise ou confortablement installé
(et non être confortable ; anglicisme).
- Dans l’avenir
(et non dans le futur, qui est un temps des verbes ; son emploi en tant
que nom est un anglicisme ; en revanche, l’adjectif futur est correct, comme
dans le préjudice futur, lles générations futures
ou les futurs licenciés).
- Je suis entré en contact
avec le service du personnel de la société Arc en ciel (ou j’ai
pris contact, pris langue, suis entré en rapport), et non j’ai
noué un contact, car un contact se produit par la rencontre de deux objets
qui, d’aucune manière ne peuvent se nouer.
- Impoli et
non mal poli.
- Il vaut mieux (et non il faut mieux).
- Je vous aiderai dans toute la mesure possible, ou dans la mesure
du possible, et non dans toute la mesure du possible.
- Ce n’est pas lui (et non c’est pas lui).
- Ce
n’est pas de sa faute (et non c’est pas sa faute).
-
Temps nécessaire (et non temps matériel, qui est un
non-sens puisque, par définition, le temps est immatériel).
- Immédiatement, instantanément, incontinent, sur le champ,
aussitôt (et non en temps réel, le temps éant forcément
réel, même si Bergson utilisa philosophiquement cette expression).
- Je roule en ville à 50 Km à l’heure
(et par heure).
- Il est dix heures cinq (et non dix heures
passées de cinq minute, qui est une formule anglaise).
V. aussi le site academie-francaise.fr, rubrique actualités, puis cliquer sur le lien « Dire, ne pas dire ».
10°.
- Connaissez le sens précis de certains mots ou expressions :
- Achalandé
se dit d’un magasin ayant beaucoup de clients (de chalands), et non d’un
magasin bien approvisionné.
- Acronyme : sigle prononcé comme un mot ordinaire (ex. : sida, ONU, CAPES).
- Adéquat : égal à
son objet (et non pas convenable).
- Alpiniste s’applique à
toutes les montagnes.
- Bénéficier : Ne peut avoir pour
sujet que la personne ou la chose qui bénéficie. Exemple : Vous
bénéficiez de cette mesure ; et non : Cette mesure vous bénéficie.
- Celui, ceux, celle, celles doivent être suivis de la préposition
de ou d’une proposition relative ; exemple : Ceux qui ont été
choisis (et non : Ceux choisis).
- Conséquent ne signifie pas
important, mais appliqué aux choses, « qui suit
logiquement » : Une conduite conséquente.
- Contexte, ensemble du texte entourant un mot, une phrase, un passage.
Au figuré, l’ensemble des circonstances qui accompagnent un événement,
une action ; mais cet emploi est déconseillé par l’Académie
française : Milieu, entourage, environnement sont à préférer.
- Conventionnel (en dehors du sens historique) : Qui résulte d’une
convention ; ne doit pas être employé au sens de traditionnel, classique
(anglicisme).
- Curé : Prêtre responsable d’une paroisse
(disposant d’une cure) ; ce mot n’est pas synonyme de prêtre :
Tout curé est prêtre, mais tout prêtre n’est pas curé.
- Domestique (du latin domus, maison), qui se rapporte à
la maison (un animal domestique), ou à la famille (une personne employée
au service de celle-ci). Ne signifie pas intérieur : L’expression
vol domestique (pour une ligne aérienne) est un anglicisme (sauf si l’on
entend par là qu’il s’agit d’un larcin commis par un membre
de la maison).
- Depuis : Préposition de sens temporel
; ne doit pas servir à désigner un lieu. Il faut dire : émission
transmise de Toulouse ; je regardais de mon balcon (et non,
dans les deux cas, depuis).
- Dont. Ce pronom relatif ne peut compléter
un nom introduit par une préposition. Par exemple, il ne faut pas dire
: Une entreprise dont je me félicite du succès, mais du succès
de laquelle je me félicite.
- Entamer : commencer (et non pas terminer), couper.
- Espèce de (une espèce de). Le mot
espèce est féminin, quel que soit le genre de son complément.
Exemple : Une espèce d’idiot (hélas nombreux).
- Excessivement. Marque un excès et, par conséquent, un défaut.
Ne doit être employé que péjorativement. Ne pas dire : Il
est excessivement intelligent.
- Exprès. Le substantif désigne
une personne chargée spécialement de transmettre la pensée
ou la volonté de quelqu’un (par extension, lettre exprès, c’est-à-dire
lettre transmise par porteur spécial). L’adverbe exprès signifie
: à dessein, avec intention formelle (au féminin, l’adjectif
est expresse ; exemple : La condition expresse ... ). Dans l’un comme dans
l’autre le « s » final ne se prononce pas (comme
dans cyprès). Le mot express (avec deux « s
», anglicisme) désigne un service de transport relativement rapide
et un café préparé à la vapeur.
- Grand-père
(grand-mère) : N’est pas synonyme de personne âgée.
- Habitat. Ne veut pas dire habitation, mais le milieu géographique
réunissant les conditions nécessaires à l’existence
d’une espèce animale ou végétale.
- Initier
: Suppose qu’il y ait une initiation. Ce verbe n’est pas synonyme de
commencer, d’entamer ou de prendre l’initiative.
- Instance.
Demande dont est saisie une juridiction. L’expression les «
hautes instances » est grotesque.
- Novation
: C’est un terme juridique (substitution d’une obligation nouvelle
à une obligation ancienne qui s’éteint) ; ne pas employer ce
mot au sens d’innovation.
- Partition : L’ensemble des
parties d’une composition musicale (et, dans un emploi plus rare, les divisions
d’un blason). Ne pas l’utiliser dans le sens de partage, découpage,
démembrement.
- Ponctuel. Signifie la qualité
d’exactitude et, en géométrie, désigne quelque chose
qui peut être assimilé à un point. Hors de ces sens, l’emploi
de ponctuel est de mauvais goût (sans être prohibé).
-
Péripétie : Caractérise un événement
important et imprévisible, provoquant un changement brusque de situation.
Ne désigne donc pas un événement de peu d’importance.
- Prétexte. C’est la raison apparente dont on se sert pour
masquer le véritable motif d’une action. D’où il est tautologique
de parler de faux prétexte, un prétexte étant toujours
faux par définition. Dire : Un mauvais prétexte, ou un
prétexte spécieux.
- Réticence. Omission volontaire
d’un fait que le sujet aurait dû dévoiler (comme dans le dol
par réticence). À ne pas utiliser au sens de réserve, retenue,
hésitation.
- Risquer. C’est courir un danger. Il est donc
impropre d’employer ce verbe pour un événement heureux, sauf
à se vouloir ironique. Claire risque d’échouer et non
d’être reçue (elle a des chances d’être reçue).
- Sanctionner n’est pas synonyme de punir, mais de confirmer, d’approuver.
- Sans que doit se construire sans négation, même s’il
est suivi d’aucun, personne ou rien, qui ont dans ces phrases
un sens positif. Exemple : Sans que personne puisse s’y opposer (et
non sans que personne ne puisse ... ).
- Sentence : Dans son
sens général c’est un synonyme de maxime ; mais dans son sens
juridique précis, la sentence est une décision d’un tribunal
arbitral (cf. C. proc. civ., art. 1470 et s.).
- Sigle : Suite des initiales
de plusieurs mots qui forme un mot unique prononcé avec les noms
des lettres (ex. : C.G.T.); se distingue de l'acronyme (v. à ce
mot).
- Solution de continuité
. Cette expression est un véritable piège car, loin de signifier
qui assure la continuité, elle signifie une interruption ,
une coupure ; la raison en réside dans le fait que le mot solution
ne vient pas ici de résoudre mais de dissoudre.
- Suite à
: Locution commerciale inélégante et incorrecte, à proscrire.
Ecrivez : En réponse à votre lettre, ou à la suite
de notre conversation du... - Et encore : Par application de l’article
1382 et non suite à l’article 1382. Et ne pas employer de suite
pour tout de suite. De suite signifie l’un après l’autre,
sans interruption, alors que tout de suite veut dire sur le champ, immédiatement.
- Susceptible de : N’est pas synonyme de capable. Je suis susceptible
de recevoir, d’éprouver, de subir ; mais je suis capable de donner
ou de faire. Un édifice est susceptible d’améliorations ; un
architecte est capable de les concevoir et un entrepreneur de les réaliser.
- Surtout que est à proscrire ; le remplacer par d’autant que,
d’autant plus que.
- Technologie. L’art d’élaborer,
d’utiliser, de transmettre ou d’étudier une technique (de même
que méthodologie ne signifie pas méthode, mais réflexion
sur les méthodes). Le mot a donc un sens plus large que celui de technique.
Souvent, technologie est employé abusivement - de façon pédante
qui se veut savante (alors qu’il s’agit d’un anglicisme) - à
la place de technique.
- Trop. Marque un excès. Il est donc
ridicule de dire ou d’écrire trop bien.
- Verdict.
Déclaration par laquelle la Cour d’assises répond aux questions
de fait posées par son président. Ne pas l’utiliser comme synonyme
de jugement ou d’arrêt.
11°.
- Ne confondez pas :
- Acceptation, acception. Acceptation veut dire
action d’accepter, alors qu’acception signifie soit préférence
(la justice ne fait acception de personne), soit signification (d’un mot).
- Amener, ramener : Conduire en menant ; ne peut donc s’appliquer
qu’aux personnes et à certains animaux animaux ; les verbes apporter
et rapporter s’emploient pour les objets inanimés.
- Avérer
(donner pour vrai) et se révéler. S’avérer
vrai est un pléonasme, et s’avérer faux est un non-sens
(l’expression convenable est se révéler faux). Il est
juste de dire : Ce contrat s’avère être de mandat, ce chandelier
s’avère être en métal argenté, monsieur Thomas
s’avère être un bandit.
- Collision et collusion. Collision : heurt, choc. Collusion : entente secrète et frauduleuse au détriment d'un tiers.
- Conjecture : Opinion fondée
sur des probabilités, ou supposition ; à ne pas confondre avec conjoncture
(situation résultant d’un ensemble de circonstances fortuites).
- Copie avec exemplaire (exemple : Photocopiez-moi ce document en
vingt exemplaires).
- Courrier et lettre ou message (électronique).
Le mot de courrier désigne un ensemble de lettres ou de messages (au moins
potentiel : Le facteur vous apporte le courrier, même s’il n’a
qu’une lettre pour vous. - V. la définition du courrier donnée
par le Dictionnaire de l’Académie française: «
Singulier collectif. L’ensemble des lettres, des journaux, etc., transportés
par voie terrestre, maritime ou aérienne. [...] Spécialt. L’ensemble
des lettres reçues ou envoyées par une personne ou une collectivité
»). Ne doit pas s’employer pour qualifier une seule lettre ; il ne
faut donc ni dire ni écrire : En réponse à votre courrier
du 25 mai, mais En réponse à votre lettre du 25 mai.
- Décennie : Intervalle de dix ans ; décade :
De dix jours.
- Le défendeur (personne contre laquelle une demande
en justice est formée) et le défenseur (personne, généralement
un avocat, assurant la défense d’un plaideur).
- Dessin
et dessein : Le « e
» supplémentaire du deuxième mot en change le sens (projet,
but, intention).
- Disposition et dispositif : En Droit,
le dispositif est l’énoncé final d’un jugement ou d’un
arrêt, contenant sa décision (d’une façon plus large,
et extra juridique, ce mot désigne l’ensemble des moyens mis en œuvre
pour parvenir à un but). Pour un juriste, une disposition désigne
les questions réglées par un texte ; au pluriel l’ensemble
des points tranchés. Il est donc maladroit d’écrire le dispositif
adopté par la loi n°... ; il est préférable de parler
des dispositions de cette loi.
- Dommage et préjudice.
Dans un langage juridique précis, le dommage désigne la lésion
subie, tandis que le préjudice est la conséquence de la lésion.
Un voyou m’ayant violemment heurté, je suis tombé et me
suis cassé le bras droit (le dommage), ce qui m’a empêché
d’exercer mes tournées en tant que représentant (mon manque
à gagner est le préjudice). De même, il est préférable
d’employer l’expression de dommages et intérêts
(comme le code civil de 1804 à une exception près), plutôt
que celle de dommages-intérêts qui s’est répandue dans
les textes récents : En effet, les dommages visent la réparation
de la perte subie (le dommage), et les intérêts le gain manqué
(le préjudice).
- Eminent et imminent. Eminent : qui domine ou, pour une personne, qui est remarquable. Imminent: : qui va se produire dans peu de temps.
- Entrer et rentrer. Un étudiant
qui a miraculeusement obtenu la licence entre en maîtrise ; celui qui a
échoué à la seconde session peut, s’il ne renonce pas,
rentrer en seconde année (entrer de nouveau). Dans la même veine,
il convient de distinguer ajouter et rajouter (ajouter de nouveau),
apporter et rapporter (apporter de nouveau), copier et recopier,
etc.
- Globalisation et mondialisation. La globalisation
est l’action de réunir en un tout ; ce mot n’est pas admis par
l’Académie française et, de plus, est souvent employé
à tort au sens de mondialisation (car celle-ci se dit effectivement globalization
en anglais).
- Errements et erreur. Les errements (toujours
au pluriel) sont les manières d’agir habituelles. Théophane
deviendra peut-être un saint, mais certainement pas un grand juriste, étant
donné ses errements (consistant par exemple à passer plus de
temps en dévotions qu’à étudier le cours). Ce n’est
donc pas un synonyme d’erreur, qui est le fait de se tromper.
- La foi
ou la bonne foi avec le foie (organe, avec un e final).
- Impétrant
et postulant. L’impétrant est un postulant qui a obtenu ce qu’il
demandait (diplôme, titre) ; ce n’est donc pas quelqu’un qui sollicite
quelque chose.
- De par : Ne pas confondre avec de part, notamment
dans l’expression de par sa qualité (ou sa nature).
- Opportunité.
Caractère de ce qui est opportun, circonstance favorable, parce qu’il
semble indiqué d’agir ainsi ; ne signifie pas occasion (c’est
alors un anglicisme car, effectivement, occasion se dit opportunity en
anglais).
- Perpétuer (faire durer) et perpétrer
(faire, exécuter, commettre).
- Préjudiciel (qui doit
précéder le jugement) et préjudiciable (qui cause
un préjudice à quelqu’un).
- Prémices, prémisse.
Prémices (toujours au pluriel) désigne les premiers fruits de la
terre ou du bétail ; au figuré le commencement, le début.
Prémisse désigne les deux premières propositions d’un
syllogisme.
- Prêt à (je suis disposé à
; je suis prêt à partir). Ne pas confondre avec près
de (je suis sur le point de ; je suis près de partir).
- Promettre
et stipuler. Promettre c’est s’engager ; stipuler c’est obtenir
un engagement (du latin stipulare). La promesse est normalement le fait
du débiteur, la stipulation le fait du créancier. Dans un contrat
synallagmatique, chacun étant débiteur et créancier promet
et stipule. L’article 1119 du code civil sous-entend cette distinction. Le
verbe stipuler ne peut donc pas s’employer pour le législateur, mais
seulement pour les contractants.
- Projet et proposition de loi. Un
projet de loi émane du Gouvernement, une proposition du Parlement.
- Rabattre, rebattre. Ne pas confondre rabattre (rabaisser) et rebattre
(battre de nouveau). On rebat les oreilles de quelqu’un, mais il existe des
rabat-joie ; un sujet banal est rebattu, mais un col peut être rabattu.
- Revisiter, reconsidérer et relire. J’ai revisité
la galerie des bijoux de la Couronne du musée du Louvre, j’ai reconsidéré
les théories de Planiol sur la notion de responsabilité contractuelle,
j’ai relu Les Pensées de Pascal.
- Rustique et ancien.
Un meuble de campagne est rustique ; il peut être ancien. Tout meuble ancien
n’est pas rustique, tant s’en faut, par exemple ceux qui se trouvent
au Palais de l’Élysée, et qui sont de provenance royale
ou impériale.
- Sauf à et sauf si. Sauf à signifie
quitte à, au risque de (je partirai en bateau, sauf à sombrer).
- Second et deuxième. Il est préférable d’employer
second lorsque l’énumération s’arrête à deux
(c’est son second fils = le dernier ; le second alinéa de l’article
1100 du code civil = le dernier), et deuxième dans le cas contraire (c’est
son deuxième fils = il en a d’autres ; le deuxième alinéa
de l’article 1384 = il y en a d’autres).
- Sortir et enlever.
Je sors de la maison ; j’enlève mon stylo de ma poche.
- Stupéfait
(adjectif qui indique un état) et stupéfié (participe
passé du verbe stupéfier). Martin fut stupéfait de rencontrer
Jeanne avec Augustin. Il a été stupéfait de la rencontrer
en ce lieu et lui adressa de vifs reproches. L’assistance fut stupéfiée
par un tel discours. J’avoue pour ma part que la conduite de Jeanne me stupéfie.
- Votre et vôtre. Votre (sans accent) s’emploie devant
un nom (votre canne, votre mari) ; vôtre, avec l’accent circonflexe,
dans les autres cas (cette idée est vôtre ; la vôtre est plus
belle). La même subtilité pour notre et nôtre.
12°.
- NÉOLOGISMES OFFICIELS
Plusieurs arrêtés ont publié des listes de néologismes
officiels, pour remplacer des mots d’origine étrangère (dans
les conditions prévues par le décret du 3 juillet 1996 relatif à
l’enrichissement de la langue). Leur emploi est alors obligatoire, dans la
mesure où le français l’est lui-même en vertu de la loi
du 4 août 1994, comme l'a rappelé une circulaire du Premier ministre
(JO du 21 mars 2003). Les listes de terminologie peuvent être consultées
sur le site internet de la Délégation générale à
la langue française (http://dglf.culture.fr). Voici quelques-uns de ces
termes ou expressions qu’il convient d’utiliser.
V. aussi le site academie-francaise.fr, rubrique actualités, puis cliquer sur le lien « Dire, ne pas dire »., ainsi que le site wikilf.culture.fr
Affacturage
(factoring)
Affaire (business)
Affichage (display)
Afficher (to display)
Agenda électronique (organizer)
Agent artistique (impresario)
Aide en ligne (hot line)
Aimer (liker)
Alerte
aux résultats (profit warning)
Animateur de site (community manager)
Apparence, présentation,
allure, style (look)
Arrosage (spamming)
Assouplissement quantitatif (quantitative easing, ou QE), ce qui est en réalité "la planche à billets"
Autocaravane (camping-car)
Avion à réaction (jet)
Avion gros porteur (jumbo
jet)
Baladeur (walkman)
Baladodiffusion (podcasting)
Barrière de sécurité (firewall), mot de l’informatique
Binette ou frimouse (emoticon, smiley)
Bloc-notes (Blog)
Boutique franche (free shop, ou duty ... )
But (goal)
Cadre (frame), mot de l’internet.
Cadreur (cameraman)
Calendrier, minutage (timing)
Canot pneumatique (Dinghy)
Capital-risque (venture-capital)
Caravanage (caravaning),
Caravane (camping-car)
Causette (chat), mot de l’internet
Cédérom (CD-Rom)
Centre d'appel (call center)
Cession-bail (lease back)
Chalenge (avec un seul l ) ou, en
matière sportive, défi (challenge).
Coentreprise
(joint venture)
Commanditaire (sponsor)
Commanditer, ou
parrainer (sponsoriser)
Commerce en ligne (commerce on line)
Compagnie
majeure (major)
Concentrateur (hub), mot de l’internet
Conteneur (container)
Course au tribunal (forum shopping)
Crédit-bail (leasing)
Disque compact (compact-disc)
Distribution (dispatching)
Distribution artistique (casting)
Échange de données informatisé, en abrégé
EDI (Electronic Data Interchange)
Écrasement, ou accident (crash,
d’un avion)
Emplettes, courses (shopping)
En mer (off
shore)
Ensemble (package)
Entraîneur (coach ; le mot
anglais de coach vient du français cocher !)
Entraînement,
ou formation (training)
Epinglette (pin’s)
Éreintage (bashing)
Exclusivité
(scoop) ; information donnée en ...
Façonneur d’image (spin doctor)
Filoutage (phishing)
Florilège (best off)
Formation (training)
Forum (newsgroup), mot de l’internet
Fortuité (serendipity), don de faire par hasard des découvertes fructueuses (on peut aussi dire sérendipité)
Fouineur (hacker), mot de l’interne
Franchisage (franchising)
Franc-tireur, tireur embusqué (snipper)
Franc jeu (fair
play)
Frimouse ou binette (emoticon, smiley)
Gardien de but
(goal keeper)
Gérance de l’informatique (facility management)
Gouvernement ou gouvernance de l’entreprise (corporate governance)
Groupe (pool)
Groupe de pression (lobby) ; voyez ci-dessous
Influençage.
Hameçonnage (phishing)
Haut de gamme
(standing)
Hypertexte (hypertext), mot de l’informatique et de
l’internet.
Icône (icon), mot de l’informatique
Influençage (lobbying)
Ingénierie (engineering)
Internaute (cybernaute)
Jeune pousse (Start-up, jeune entreprise innovante à fort
potentiel de croissance)
Joint venture (coentreprise)
Laboratoire d’idées (think-tank)
Libre-service
(self service)
Liste ou listage (listing)
Liste de vérification
(check-list)
Livre numérique (e.book)
Magasiner (faire les magasins, faire du shopping)
Management, mais prononcé à la française, le mot venant
du français
MBA, marge brute d’autofinancement (cash flow)
Marche (footing)
Mél. (comme tél. pour téléphone),
messagerie électronique (e. mail), ou le plus élégant courriel,
imaginé par les Québecois.
Mentor (coach)
Mentorat
(coaching)
Metteur en toile (web agency)
Modèle
(pour paradigme)
Module d’extension (plug-in), mot de l’internet
Message (publicitaire ; spot)
Multipostage (spamming)
Numéro d’urgence (hot line)
Opérateur de marché, ou
négociant de marché (pour trader)
Options sur titres (stock-options)
Page sur la toile (page web)
Palmarès (hit parade)
Parrainage (sponsoring)
Porteurs d’intérêt (stakeholders)
Permutation (swap), mot de l’informatique
Pipeline, prononcé
à la française (pipe line)
Pirate (cracker), mot de l’internet
Planigramme, ou calendrier, plan de charge (planning)
Post sonorisation
(play back)
Pourriel (spam)
Primauté (leadership)
Rabais, ristourne (discount)
Redevance (royalty, royalties)
Réguler (to dispatch, dispatcher)
Relancer (booster,
to boost)
Remue-méniges (brain storming)
Répartir,
ou attribuer, distribuer, réguler (to dispatch, dispatcher)
Résidence
mobile (mobil home)
Restauration rapide (fast food)
Retour
en arrière (flash back)
Réunion, rencontre (meeting)
Ristourne, rabais (discount)
Sac gonflable (airbag)
Savoir-faire
(know how)
Scanneur (scanner)
Service en ligne (hot line)
Servocommande (servo-control)
Société (firme)
Spectacle solo (one man show)
Stimulateur cardiaque (peace maker)
Stylique (design)
Surmenage (burn out)
Surréservation
(surbooking)
Télécopie, en abrégé Tcp (fax,
dérivé du latin fac simile)
Toile (web ; world
wide web signifie mot à mot la toile d’araignée mondiale)
Transbordeur (car ferry, ferry boat)
Travail en réseau (networking)
Tuteur (coach)
Véhicule
de loisir (camping-car)
Visualiser (to display)
Voyagiste
(tour operator)
Zappage (zapping
D’autre part, il est préférable de ne pas utiliser des mots anglais qui n’existent pas, ou qui ne sont pas utilisés avec le sens qui leur sont donnés en France. Par exemple un joueur de tennis ou de rugby ne sont pas en anglais un tennisman ou un rugbyman, mais un tennis player et un rugby player. Celui qui a battu un record n’est pas un recordman mais un record holder, un présentateur de radio ou télévision n’est pas un speaker mais un announcer.
Remarques finales : bibliographie.
- Pour connaître les raisons et intérêts historiques, culturels,
politiques et économiques d’utiliser sa langue de façon correcte
lisez, de Ph. Lalanne-Bertoudicq, Pourquoi parler français (éd.
Fleurus, 1993). - C. Hagège, Au nom de la diversité des langues
et des cultures (éd. Odile Jacob, 2006) ; du même, Contre la pensée unique (Odile
Jacob, 2011, montrant les risques de la méconnaissance du
français et l'illusion de croire que pratiquer l'anglais est
suffisant pour un Français). - P.-M. Coûteaux, Être
et parler français, Perrin, 2006. - J.-M. Delacomptée, Notre langue française, Fayard, 2018. - Et contre ceux qui dégradent
le français, B. Lecherbonnier, Pourquoi veulent-ils tuer le français
? Albin Michel, 2005; H. Bourges, Pardon My French. La langue française, un enjeu du XXIe siècle, éd. Kaermala, 2014. - Sur les vertus de la diversité linguistique
(donc contre le « tout anglo-américain »),
D. Volton, Demain la francophonie, Flammarion, 2006, et les ouvrages précités de C. Hagège. - Enfin, sur l’histoire
du français et de l’anglais, exposée parallèlement,
H. Walter, Honni soit qui mal y pense (L’incroyable histoire d'amour entre
le français et l’anglais), Le livre de poche, 2006 (contient notamment
des listes de mots anglais emprunté au français et vice versa, ainsi
que des listes de « faux amis
»).
Pour vous aider dans la connaissance
de la langue je conseille vivement quelques excellents ouvrages : M. Druon (ancien
Secrétaire perpétuel de l’Académie française),
Le Bon français, ou un combat qui en vaut la peine, Éditions
Le Rocher, 1999. - V. aussi Dupré, Encyclopédie du bon français
dans l’usage contemporain, éd. de Trévise (3 tomes, 1972).
- M. Grevisse, Le bon usage (Hatier, réédité régulièrement,
plus de 1200 pages). - A. Thomas, Dictionnaire des difficultés de la
langue française (Larousse, réédité régulièrement).
- P. Rambaud, La Grammaire en s’amusant, Grasset, 2007, 12 euros (une
grammaire plaisante). Il existe également un site internet très
précieux (httpp://coursenligne.univ-artois.fr ; cliquer ensuite sur
Langue française dans la fenêtre Tous publics).
Enfin, je signale que le dictionnairede l’Académie française, le seul ayant une valeur officielle, est disponible en ligne (http://atilf.atilf.fr/academie.htm). Le Trésor de la langue française informatisé est aussi précieux (http://atilf.atilf.fr). D’autres sites comportent des dictionnaires utiles : OrthoNet, corrigeant l’orthographe du mot recherché, tout en fournissant le cas échéant ses accords et ses conjugaisons (www.sdv.fr/orthonet) ; celui du CNRS, donnant les synonymes de la zone de saisie (http://elsap1.unicaen.fr/cgi-bin/cherches.cgi) ; enfin, Cactus 2000, donnant les conjugaisons de 140 verbes (www.cactus2000.de/fr/conif/).
La
plupart des jeunes gens croient être naturels lorsqu’ils ne sont que mal polis et grossiers (La Rochefoucauld). |
A. - MAXIMES
- Accessorium sequitur principale
(l’accessoire suit le principal)
- Actio non natæ non currit
præscriptio (pas de prescription de l’action avant sa naissance)
- Actor sequitur forum rei (le demandeur saisit le tribunal du défendeur)
- Actori incumbit probatio (la preuve incombe au demandeur)
- Contra
non valentem agere non currit praescriptio (la prescription n’a pas couru
contre celui qui a été empêché d’agir)
- Culpa
lata dolo æquiparatur (la faute lourde est équivalente au dol)
- De minimis non curat prætor (le préteur, comprenez le juge,
ne s’occupe pas d’affaires insignifiantes)
- De non vigilantibus
non curat prætor (le préteur ne s’intéresse pas au
négligent)
- Dies non interpellat pro homine (l’échéance
du terme ne vaut pas mise en demeure)
- Electa una via, non datur recursus
ad alteram (une voie choisie, il n’est pas possible de revenir à
l’autre)
- Error communis facit jus (l’erreur commune est
créatrice de droit)
- Exceptio est strictissime interpretationis
(les exceptions doivent être interprêtées très strictement
- ce qui ne veut pas dire restrictivement -. J.-R. Binet, Exceptio est strictissime
interpretationis : L’enfant conçu au péril de la biomédecine,
dans Libre Droit. Mélanges en l’honneur de Philippe le Tourneau,
Dalloz, 2007, p. 85 et s.).
- Fraus omnia corrumpit (la fraude corrompt
tout)
- Genera non pereunt (les choses de genre ne périssent
pas)
- Impossibilium nulla obligatio (il n’y a pas d’obligation
quand l’objet est impossible)
- In lege Aquilia et culpa levissima
veniet (dans la loi Aquilia, c’est-à-dire en matière
délictuelle, la faute la plus légère est prise en considération)
- In pari causa turpitudinis cessat repetitio (pas de répétition,
c’est-à-dire de restitutions, en présence d’une faute
égale).
- Locus regit actum (la forme de l’acte est réglée
par le lieu)
- Malitiis non est indulgendum (pas d’indulgence
pour la mauvaise foi)
- Neminem lædit qui suo jure utitur (celui
qui use de son droit ne lèse personne)
- Nemo auditur propriam turpitudinem
allegans (personne ne peut alléguer sa propre faute)
- Nemo
contra se subrogare censetur (nul n’est censé avoir subrogé
contre soi)
- Nemo dat quod non habet ou Nemo plus juris ad alium
transfere potest quam ipse habet (nul ne peut transférer à autrui
plus de droit qu’il n’en a lui-même)
- Nullum crimen, nulla
pæna sine lege (il n’y a pas d’infraction sans texte)
- Pacta sunt servanda (les conventions doivent être respectées)
- Prior tempore potior jure (le premier en date est le premier en droit)
- Quæ temporalia ad agendum perpetua sunt ad excipiendum (l’action
est temporaire, l’exception est perpétuelle)
- Quod nullum
est nullum producit effectum (ce qui est nul ne produit aucun effet)
-
Res inter alios acta aliis neque nocere neque prodesse potest (la chose
convenue entre les uns ne nuit ni ne profite aux autres : effet relatif des contrats)
- Res judicata pro veritate habetur (la chose jugée est tenue pour
vraie)
- Res perit creditori / debitori / domino (la perte est pour
le créancier / le débiteur / le propriétaire)
- Solus
consensus obligat (le consentement oblige à lui seul)
- Specialia
generalibus derogant (ce qui est spécial déroge à ce
qui est général)
- Ubi emolumentum, ibi onus (là
où est le profit, là est la charge)
- Ubi Iex non distinguit
nec nos distinguere debet (là où la loi ne distingue pas il
ne faut pas distinguer)
- Volenti non fit injuria (on ne fait tort
à qui consent)
B. - EXPRESSIONS ET MOTS LATINS
- Ab initio (dès le
début). - In limine litis (au début du procès)
- Accipiens (celui qui reçoit le paiement) ; - solvens (celui qui
paie)
- Ad nutum (sur un signe = par la seule volonté)
-
Ad probationem / solemnitatem / validitatem (pour la preuve / la solennité
constitutive / la validité)
- Affectio societatis (intention
de s’associer dans une société).
- Animus (intention)
; animus donandi (intention libérale = volonté de donner)
; animus cooperandi (intention de coopérer dans un contrat).
- Bonus pater familias (bon père de famille)
- Causa proxima
/ remota (cause la plus proche / la plus éloignée)
- Culpa
in contrahendo / in eligendo / lata (faute dans la conclusion du contrat /
dans le choix / lourde)
- Damnum emergens (perte éprouvée).
- Lucrum cessans (le gain manqué)
- De in rem verso (restitution
de la chose)
- De lege ferenda (dans la perspective d’une réforme
de la loi)
- Dolus bonus / malus (bon dol, mauvais dol)
- Erga omnes
(à l’égard de tous)
- Ex æquo et bono (en
fonction du juste et de l’équitable)
- Exceptio non adimpleti
contractus (exception d’inexécution du contrat)
- In (dans).
- In abstracto, in concreto (abstraitement, concrètement)
-
Infans (enfant en bas âge)
- In solidum (en entier)
- Instrumentum (instrument = acte)
- Intuitu personæ (en
considération de la personne). Le contrat de mandat est conclu intuitu
personæ. L’intuitus personae de ce contrat (nominatif).
- Mutuus consensus / dissensus (consentement mutuel, dissentiment mutuel)
- Ne varietur (sans changement)
- Non ædificandi (ne pas
construire : Servitude de ...)
- Patientia principis (patience du prince
; il en survit des manifestations, à défaut de l’expression,
par exemple dans l’article 1244-1 du C. civil)
- Penitus extraneus
(au singulier), extranei (au pluriel) : tiers complètement étranger
au contrat
- Post mortem (après la mort)
- Praeter legem
(à côté de la loi)
- Pretium doloris / stupri
(prix de la douleur / du stupre)
- Pro forma (pour la forme)
-
Quantum (montant)
- Rebus sic stantibus (les choses demeurant
en l’état)
- Restitutio in integrum (restitution intégrale)
- Sine qua non (sans laquelle non ; sous entendu : condition...)
-
Solo consensu (par le seul effet du consentement)
- Sui generis
(propre à une espèce, à un genre, unique)
C. - SENS DE QUELQUES ABRÉVIATIONS USUELLES
-
Contra (en sens contraire)
- Dig. (Digeste, avec un «
e » final)
- Dixit (a dit)
- i. e. = id est,
c’est-à-dire)
- Ibid ou ibidem (au même
endroit)
- Id ou idem (le ou la même)
- Infra,
supra (ci-dessous ou plus loin ; ci-dessus ou plus haut)
- Op. et loc.
cit. = opus et loco citatis (ouvrage et endroit cités)
- V°,
Vis = verbo, verbis (mot, mots)
- Via (par)
- Vs. = versus
La méthode cartésienne
demeure la meilleure qui soit pour l’étude d’une question. En
voici un résumé :
a) ne rien admettre comme vrai qui ne soit
évident ;
b) diviser chacune des difficultés en autant de parcelles
qu’il se pourrait et qu’il serait requis pour les mieux résoudre
;
c) toujours aller du simple au composé ;
d) faire des dénombrements
si entiers et des revues si générales qu’on soit assuré
de ne rien omettre.
Creator ineffabilis, qui de thesauris sapientiae tuae tres angelorum hierachias designasti, et eas super caelum empyreum miro ordine collocasti, atque universi partes elegantissimae disposuisti ; tu, inquam, qui verus fons luminis et sapientiae diceris, atque supereminens principium : infudere digneris super intellectus mei tenebras tuae radium claritatis, duplices in quibus natus sum, a me removens tenebras, peccatum scilicet, et ignorantiam. Tu, qui linguas infantium facis disertas, linguam meam erudias, atque in labiis meis gratiam tuae benedictionis infundas. Da mihi intellegendi acumen, retinendi capacitatem, addiscendi modum et facilitatem, interpretandi subtilitatem, loquendi gratiam copiosam ; ingressum instruas, progressum dirigas, egressum compleas : Tu qui es verus Deus et homo, qui vivis et regnas in saecula saeculorum. Amen.
Créateur ineffable qui, des trésors de votre Sagesse
avez élu trois hiérarchies d’anges et les avez établies
dans un ordre admirable au-dessus des cieux,
qui avez disposé avec
tant de beauté les parties de l’univers ;
Vous que l’on appelle
la vraie Fontaine de Lumière et de Sagesse, et le Principe suréminent,
daignez verser sur les ténèbres de mon intelligence, un rayon de
votre clarté ; écartez loin de moi la double obscurité où
je suis né : le péché et l’ignorance.
Vous, qui
rendez éloquente la langue des petits enfants, façonnez ma parole
et versez sur mes lèvres la grâce de votre bénédiction.
Donnez la pénétration de l’intelligence,
la faculté de me souvenir,
la méthode et la facilité de l’étude,
la profondeur dans l’interprétation
et une grâce abondante d’expression.
Fortifiez mon étude,
dirigez-en le cours,
parfaites-en l’issue,
Vous qui êtes Vrai Dieu et vrai homme,
et qui vivez dans les siècles des siècles. AMEN.
A. - L’alcool et les accidents de la circulation.
Je me sens le devoir d’attirer
votre attention sur la tempérance, en général, et en particulier
quand vous devez conduire.
D’une part, parce que la prise répétées
de fortes doses d’alcool, même de façon épisodique lors
de soirées de « défonces
», provoque des lésions des zones cérébrales (en particulier
de l’hippocampe), entraînant des troubles de la connaissance et psychiques
et, à long terme, une destruction de neurones, sans compter que l’alcool
est à l’origine de nombreux cancers, de maladies du foie et de troubles
cardio-vasculaires.
D’autre part, parce que l’alcool (avec il est
vrai la vitesse) est la cause d’un nombre croissant d’accidents de la
route impliquant des jeunes (victimes mais aussi auteurs). Un quart des accidents
de la route touchent aujourd’hui des jeunes, avec un chiffre de morts en
hausse, en valeur absolue et en pourcentage, alors que le nombre total de morts
sur la route baisse en France.
Il y a eu dans notre pays 3477 morts en 2016 sur les routes (ce chiffre
est en hausse depuis quatre ans, un relâchement très net
s'étant produit, mais reste très inférieur
à celui d’avant 2002, depuis que le gouvernement a
marqué sa volonté de lutter contre ce fléau,
à l’instigation du Président de la
République de l’époque, Jacques Chirac, ce qui
montre bien qu’il n’est pas une fatalité ; des
milliers de vies ont été sauvées: 11000 de
2002 à 2010 ; en 2001, il y avait eu 7720 morts sur les routes
françaises, et 16200 en 1971, l’année la pire ; les
radars automatiques ont largement contribués à la
réduction de la vitesse et à la diminution du nombre de
victimes ; le slogan populiste selon lequel ils sont des "pompes
à fric" est erroné, car si les PV des radars rapportent
590 millions d'euros, dont il faut déduire leur coût de
200 millions, le coût annuel des accidents en France est de 25 milliards d'euros).
Alors que la circulation de nuit ne représente que 10 % du
trafic automobile, les accidents qui se produisent durant cette
période provoquent 37 % des blessés graves et 46 % des
morts sur les routes. Les samedis et dimanches la majorité
d’entre eux ont pour auteurs et victimes des jeunes. 92 % des
accidents impliquent la responsabilité du conducteur
(c’est-à-dire que 8% résultent de
l’état du réseau, de cas de force majeure - chutes
d’arbres, etc. - ou de fautes d’un tiers).
Depuis la diminution de la vitesse, la majorité des accidents des accidents
mortels sont liés à l’alcool. Deux verres de vin pour un homme
pesant 75 Kg augmentent déjà le risque d’accident mortel par
deux !
6% des accidents résultent de l’usage d’un téléphone
mobile en conduisant (quatrième cause de mortalité, après
l’alcool, la vitesse et le non port de la ceinture de sécurité).
Il est démontré que l’attention des automobilists se relache
grandement lorsqu’ils téléphonent, même avec un dispositif
de mains libres (utiliser un portable en conduisant, même avec un dispositif
laissant les mains libres, multiplie par huit le risque d’accident) ;
donc, proscrivez l’usage du mobile en conduisant ; si vous estimez indispensable
de téléphoner, arrêtez vous sur un aire de stationnement (donc
pas n’importe où !). N’omettez pas de boucler la ceinture de
sécurité, y compris aux places arrières. L’absence de
ceinture est maintenant la troisième cause de décès accidentel ;
près de 400 vies humaines pourraient chaque année être sauvées
si tous les occupants bouclaient leur ceinture.
Depuis la Libération
(1945), les accidents de la circulation ont provoqué plus de morts en France
qu’Hitler, et plus de blessés que la guerre de 1914-1918 !
Soyez
donc conscients de ces risques, évitez-les pour vous et pour les autres.
En un mot, soyez responsables ! Avant une soirée, désignez un conducteur
qui ne boira pas d’alcool (pas une goutte), afin de ramener ses passagers
en toute sécurité.
Et mettez-vous bien
dans la tête que savoir conduire ne consiste pas à savoir aller vite,
ce qui est facile aujourd’hui, même les petites voitures pouvant atteindre
des vitesses élevées. Le bon conducteur est celui qui est capable
d’aller lentement, en respectant la réglementation, ainsi qu’en
tenant compte des conditions atmosphériques, de sa fatigue, etc.
En outre, je vous rappelle que les règles
du code de la route ne sont pas réservées aux automobilistes. Elles
s’appliquent aussi aux piétons, aux conducteurs de motos et des autres
engins à deux roues, notamment les limitations de vitesse.
Le nombre de conducteurs de tels engins, auteurs et victimes d’accidents,
souvent très graves, est en progression constante.
B. - Les drogues
Les diverses drogues procurent de prime abord certaines sensations agréables, mais toutes ont des effets néfastes (en ce sens l’expression de «drogue douce» est trompeuse). Je n’indiquerai ci-dessous que les principaux. Ils dépendent de la fréquence de la consommation et de l’état psychologique du sujet. Un des plus graves est la dépendance, qui est en réalité une alinéation de la liberté du « drogué », aggravée par l’accoutumance qui l’oblige, pour retrouver des sensations, à augmenter les doses et à passer à des drogues plus dures.
- Le tabac détend, stimule, rassure. Il crée une forte dépendance. Il est à l’origine d'un cancer sur quatre et de nombreuses maladies cardio-vasculaires. Il cause plus de cent mille morts par an en France. A la suite de diverses incitations, la consommation de cigarettes a diminué en France de 4,6 % de 1995 à 2005; il faut continuer dans ce sens.
- Les médicaments antidépresseurs (dont la France est le premier consommateur du monde par habitant) excitent, troublent le comportement et rendent fortement dépendant. Ils peuvent néanmoins être prescrits sur ordonnance médicale dans cas précis, pour lesquels ils sont bénéfiques.
- L’ectasy permet de se surpasser. Mais après sa prise son consommateur risque la déshydratation, l’angoisse et la dépression. Il est particulièrement dangereux pour les asthmatiques, les cardiaques et les diabétiques.
- Le
cannabis rend gai, apaise, voire endort. Mais à une certaine dose il
a pour effets immédiats d’empêcher de travailler, de brouiller
la vue et la perception du temps, de provoquer des angoisses, de créer
des trouble du langage et de la coordiantion motrice. Même à petite
dose, il provoque des difficultés d’attention, cause chaque année
de la mort d’une centainde de jeunes par accident de la circulation.
Il produit aussi des effets différés : perte de la
mémoire ; dépendance psychologique ; diminution de la
présence de spermatozoïdes chez les hommes, et
présence de cycles sans ovulation chez les femmes ; cancers
bronchiques et des voies aérodigestivees supérieures
(bouche, pharynx, oesophage et larynx) ainsi que le cancer du testicule ; dépressions chez les
filles. Chez les gros consommateurs, il crée un risque
élevé de schizophrénie dans les cinq ans. Enfin,
il perturbe durablement le cerveau, et c'est ce risque est d'autant
plus important que l'usage du cannabis a commencé tôt.
- La cocaïne a pour effet rapide de procurer l’euphorie, une certaine indifférence à la douleur et à la fatigue, une impression d’agileté intellectuelle. Mais elle accélère le rythme cardiaque, provoque des crises de panique et de paranoïa, et crée une sérieuse dépendance psychique.
- L’héroïne rend euphorique et provoque un état d’extase. Elle crée rapidement une forte dépendance, engendre de stroubles du sommeil et du comportement alimentaire. En cas d’injection, il existe un risque de contamination du sida et de l’hépatite C, ainsi que « d’overdose ».
- La consommation de drogues pousse aux suicides, de plus en plus nombreux chez les jeunes (c’est en France leur première cause de mortalité), sans que la communauté nationale semble s’en émouvoir, alors qu’une série de suicides de salariés de France Telecom en 2009 a soulevé une tempête médiatique. Le taux de suicide est dans ce pays de 17 pour 100.000 (mais beaucoup plus chez les jeunes, et un peu moins chez les salariés de France Telecom : 15 pour 100.000).